Je plussoie à tes remarques sur les "langages alternatifs". Il existe des moyens de communication autres que le langage parlé qui, s'ils sont moins pratiques pour construire une réflexion ou exprimer une notion complexe, valent au moins autant pour ce qui est du contact humain.
A ce sujet je pense que, de même qu'il n'est vraiment de réalité que par la mise en relation de plusieurs subjectivités, il n'est de vérité que par la mise en relation de plusieurs langages.
Quand le langage parlé cesse d'être un moyen de communication pour devenir un moyen d'exclusion, c'est qu'il est temps de mettre en place une sévère critique de notre système de communication. Ce qui peut passer par l'utilisation d'un autre langage (ces "autres langages" sont peut-être simplement utilisables d'individu à individu, mais c'est déjà un progrès).
D'où, là encore, l'interêt de savoir utiliser et confronter de manière critique plusieurs langages.
Par ailleurs, on peut considérer que d'une certaine manière la succession des évènements (y compris les plus anodins) de la vie courante et de l'actualité constitue en quelque sorte le langage du monde. Il nous informe quotidiennement sur la manière dont fonctionne celui-ci, et peut nous révéler les failles, les lacunes ou les défauts de notre système. Apprendre à déchiffrer ce "langage du monde" -comprendre que chaque évènement, chaque détail peut sous-tendre un processus infiniment plus vaste et plus profond- me paraît indispensable à tout citoyen se voulant impliqué dans le monde d'aujourd'hui. A titre d'exemple, et pour en revenir au langage parlé, songez combien peut être révélateur le choix des termes employés par un homme politique dans ses discours, et combien les formulations, même celles qui paraissent les plus innocentes, impliquent souvent une mentalité ou un état de fait de la réalité politque d'aujourd'hui.
Mais je m'éloigne (ce qui n'est après tout pas si grave, mais tout de même).
Je constates que tu t'opposes vigoureusement à la proposition intiale du sujet.
Sa formulation la rend en effet très sujette à interprétation puisqu'elle se contente d'affirmer sans expliquer.
Sans vouloir restreindre les différentes pistes de réflexion que propose cette phrase (c'est d'ailleurs justement pour rendre possible un maximum de pistes de réflexion que je n'ai apporté aucune explication) je vais donc l'approfondir par une autre :
- Citation :
Ce sont les mots qui nous écrivent : ils prétendent dire aux autres ce que nous sommes et, par là même, nous forcent à n'être que ce que nous disons.
Edit: Je viens de me rendre compte que la phrase de mon premier message, qui est la conclusion d'une réflexion particulière, peut donner lieu à au moins une autre explication évidente : à travers la recherche du choix de nos mots, nous nous cherchons nous-même, et c'est en trouvant la juste formulation, celle qui nous convient le mieux, que nous parvenons à nous définir. En somme, de l'existentialisme appliqué à l'écriture: l'Homme se forme par sa recherche même, et devient Homme du fait qu'il se demande "qu'est-ce que l'Homme" ?